Il y a une quinzaine d’années, j’avais du mal à méditer. J’avais un mal fou à m’asseoir sans rien faire et à essayer (à l’époque je croyais que c’était ce qu’il fallait faire) d’arrêter mes pensées. En plus j’avais l’impression que cela ne servait à rien et que j’aurais mieux fait de bouger et de “faire” quelque chose d’utile, de travailler ou de m’occuper de mes enfants par exemple. Et en plus, si mes pensées diminuaient, j’avais tendance à piquer du nez et je mettais une énergie incroyable à essayer de ne pas dormir pendant que je méditais.

A peu près, à la même époque, je me retrouvais parfois la nuit avec des insomnies dans lesquelles je m’évertuais à essayer de me rendormir. Tous ceux qui connaissent l’affre des insomnies savent de quoi je parle. On passe son temps à se retourner et à se dire “il faut que je m’endorme… sinon demain matin, je ne serais pas frais et dispos et j’aurais du mal à travailler”. Et plus on dit cela plus on stresse. Et plus on stresse plus on a du mal à s’endormir. Et bien entendu, le lendemain matin on est crevé et on s’en veut de la nuit terrible que l’on a passé la veille. Et la nuit suivante, la peur nous prend, ce qui crée du stress et donc des insomnies. Le cercle vicieux s’installe, et il est très difficile de modifier cette dynamique fatale.J’étais donc assez miné, lorsqu’un soir j’ai eu une soudaine révélation, un “insight” comme disent les Anglo-saxons. Cela m’est apparu soudainement comme une évidence, et je sus en un instant, que je n’aurais jamais plus de problèmes d’insomnies.

Et comment ?

Tout simplement en créant une situation gagnant-gagnant qui, quelle que soit l’issue, soit bonne pour soi. Je savais que lorsqu’on médite on a besoin de beaucoup moins de sommeil pour se reposer. L’état de méditation permet au cerveau de se reposer presqu’autant qu’en dormant. De ce fait la solution est apparue comme une évidence: il me suffisait de me mettre en méditation lorsque j’étais en train de faire une insomnie. Soit je m’endormais en méditant, et je résolvais mon problème d’insomnie, soit je méditais réellement et je résolvais mon problème de méditation. C’est ainsi que les deux premières nuit, j’ai pu méditer à chaque fois une heure environ avant de m’endormir tranquillement. Et la troisième nuit, la méditation n’a duré qu’une dizaine de minute. Il n’y avait plus de stress et donc je pouvais m’endormir tranquillement. Les nuits suivantes je ne me réveillais pas. Cette insomnie qui était en train de devenir chronique est passée en deux nuits…

Mais tout cela n’aurait pas été possible sans la conscience que j’avais de mes processus d’éveil et de sommeil. Il s’avère que depuis tout petit je suis très conscient de mes états d’endormissement. Quand j’avais huit-dix ans, j’essayais de me voir en train de m’endormir. Bien entendu cela n’était pas possible, mais je ne le savais pas. Alors j’ai essayé et j’ai pu constater que tant qu’il y a des pensées, il est impossible de s’endormir. On reste en état de veille. Il est nécessaire des images, que l’on appelle “images hypnagogiques” apparaissent sur l’écran de la conscience, et que les pensées diminuent. Or en méditation, les pensées diminuent. De ce fait, lorsque les pensées deviennent très réduites, l’esprit se trouve devant une croisée des chemins: soit il développe des images hypnagogiques et c’est l’endormissement, soit l’esprit reste dans un état clair, sans ces images, et on continue en méditation.C’est ce que j’appelle la technique du “gagnant gagnant” appliqué à soi-même, ou si vous préféré la technique de l’auto-win-win (plus facile à prononcer). Il suffit d’avoir deux pratiques ou deux activités qui soient à la fois antagonistes (si l’une se fait alors l’autre est impossible) et qui vous fassent plaisir l’une comme l’autre.

Par exemple, vous attendez quelqu’un à la terrasse d’un café. A priori, personne n’aime attendre, et très souvent, je suis sûr que vous pestez contre l’autre. Et plus vous l’attendez plus vous êtes en colère, et plus vous êtes en colère moins vous êtes heureux. Et lorsque l’autre arrive enfin, vous déversez votre colère sur l’autre qui ne comprend rien de ce qui lui arrive. Surtout si c’est quelqu’un qui est toujours en retard… Alors que faire? Et bien c’est très simple, prévoyez de faire quelque chose que vous avez toujours envie de faire mais pour lequel il vous manque du temps. Par exemple, vous pouvez écrire la nouvelle que vous avez dans la tête mais que vous n’arrivez jamais à écrire faute de temps, ou composer le rythme endiablé de votre prochaine composition (sur un iPad ou même un iPhone c’est possible). Et bien entendu, c’est à vous de trouver ce que vous auriez envie de réaliser si vous aviez le temps. Prévoyez simplement, chaque fois que vous avez un rendez vous, ce qui vous est nécessaire pour réaliser ce qui vous plait et que vous avez du mal à faire d’habitude. C’est aussi simple que ça.

C’est ainsi que je pratique les rendez vous. Alors quand celui ou celle que j’attendais arrive en retard, je suis toujours calme et lorsque je reçois ses excuses [1], je peux dire calmement “pas de problèmes, j’ai passé un bon moment à t’attendre”.C’est ça la vie en mode plaisir !!

Enjoy

Jacques Ferber


[1] Je dois tout de même préciser que j’attends rarement, car je suis souvent en retard. Mais je prévois toujours que l’autre soit plus en retard que moi, car je déteste attendre. Et c’est grâce à cette détestation que j’ai créé ce “gagnant-gagnant” dans les rendez vous.

enJoy tes difficultés pour semer du plaisir !

 

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ou celui que tu aimerais mettre en place !